vendredi 16 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -42-

Le Pape sait-il ?
 
         Plus importante que la question de la forme de la Messe – même avec ses répercussions politiques plus larges – était cette affaire comme indication des nouvelles méthodes du Pape. La façon dont le Pape François a traité la lettre des dissidents a été perçue dès le début comme une rupture radicale avec la façon de gouverner de Benoît XVI. La loi de l’Église inclut les principes de la preuve et de l’application régulière de la loi, mais l’absence de toute justification normale, que ce soit pour la visite initiale de 2012 ou la nomination subséquente du Commissaire, était révélatrice. Aucune cause spécifique d’inconduite n’a été mentionnée dans le décret ou à tout moment par la suite. Les raisons des mesures canoniques prises semblaient insuffisantes, voire triviales.

      Le deuxième signataire du décret, l’Archevêque José Rodríguez Carballo, est un personnage d’une importance particulière. Le Vaticaniste Sandro Magister a écrit : « Rodríguez Carballo... jouit de la confiance totale du pape. Sa promotion en tant que second de la congrégation a été soutenue par François lui-même au début de son pontificat. » La nomination de Rodríguez Carballo à la Congrégation pour les Religieux fut en fait la première nomination majeure du Pape au Vatican en avril 2013, moins d’un mois après le Conclave. Mais Rodríguez Carballo avait déjà une réputation notoire, ayant déjà été impliqué dans un grand scandale financier au cours de ses dix années comme Ministre Général de l’Ordre Franciscain, avant sa nomination au Vatican. Le scandale avait mis en danger la stabilité financière de l’Ordre Franciscain, comme le Père Michael Perry, successeur de Carballo, l’a révélé dans une lettre à ses frères. Ce que les médias ont appelé une « maxi-fraude » a frappé durement l’Ordre des Franciscains : la fraude et le détournement de dizaines de millions d’euros l’ont mis à genoux financièrement. Sous le règne de Rodríguez Carballo, l’ordre avait investi de l’argent dans des sociétés offshore en Suisse qui, à leur tour, étaient impliquées dans le trafic d’armes, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent.

      Il semble qu’il a permis la mauvaise gestion intentionnelle des fonds en Italie par des personnes extérieures à l’ordre, qui se sont enrichies avec l’aide des membres de l’ordre. Le Père Michael Perry a écrit dans sa lettre que l’ordre « se trouve dans une grave, et je souligne "grave", difficulté financière, avec un lourd fardeau des dettes », et a ajouté : « Les systèmes de surveillance et de contrôle financiers pour la gestion du patrimoine de l’Ordre étaient soit trop faibles, soit compromis, limitant ainsi leur efficacité à garantir une gestion responsable et transparente. » Les Frères avaient été impliqués dans « un certain nombre d’activités financières douteuses » et le Père Perry a dû faire appel à des avocats et aux autorités civiles pour enquêter sur le scandale.

      Sans attendre le rapport complet des autorités suisses sur le cas des Franciscains, le Pape François a promu son homme de confiance à une position plus influente et plus élevée dans la hiérarchie de l’Église.

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