jeudi 15 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -39-

5. MISÉRICORDE ! MISÉRICORDE !


           
« L’Église est une histoire d’amour. Si nous n’y parvenons pas, nous n’avons rien compris de ce qu’est l’Église. »
         Pape François, méditation du matin dans la chapelle de la Casa Santa Marta, 24 avril 2013


1) La destruction
des Frères Franciscains de l’Immaculée
 
         Lorsque Jorge Mario Bergoglio est sorti de la loggia de la Basilique Saint-Pierre et est devenu le premier Pape à prendre le nom de François, il a semblé correspondre parfaitement au pape réformateur que le public avait voulu. En utilisant ce nom, il a choisi de rendre hommage au grand saint médiéval et réformateur saint François d’Assise, aujourd’hui le plus étroitement associé à la « sainte pauvreté », le thème principal du nouveau pontificat du Pape. L’hagiographie sélective a réduit saint François à un pacifiste portant des sandales et aimant les animaux, mais le vrai homme était un sévère défenseur de la foi, prêchant l’obéissance à Dieu à travers Son Église. Loin d’une aversion au prosélytisme actif – appelant franchement les non-catholiques à la conversion – saint François se rendit en Égypte pour confronter le sultan et prêcher le nom du Christ au risque du martyre. En même temps, ses lettres témoignent de son insistance à honorer Dieu dans la liturgie avec de précieux et beaux meubles d’autel.

      L’authentique spiritualité « franciscaine » a été redécouverte et réincarnée à notre époque avec la fondation d’un nouvel institut religieux, les Frères Franciscains de l’Immaculée, en 1970 à Frigento en Italie. Les Pères Stefano Maria Manelli et Gabriel Maria Pellettieri étaient des Franciscains Conventuels qui voulaient revenir à une forme plus rigoureuse de vie religieuse. Manelli est considéré comme un pionnier de la vie spirituelle, ayant rédigé la « Traccia Mariana », un plan marial pour la vie franciscaine qui expose le charisme, la prière et le dévouement de l’Ordre à la Vierge Marie. Elle peut être considérée comme le noyau de la spiritualité unique de l’institut.

      La dévotion spéciale du nouvel institut à Marie a été enracinée dans la spiritualité de saint Maximilien Kolbe, Franciscain polonais décédé à Auschwitz. En 1990, l’Institut a été élevé au rang « d’institut de droit diocésain » par l’archevêque de Bénévent. Alors que le reste de l’Église tombait dans une grave crise des vocations, les vocations des FFI abondaient et bientôt le besoin d’une branche féminine devint évident. En 1993, l’évêque de Monte Cassino a érigé les Sœurs Franciscaines de l’Immaculée, un institut religieux de femmes qui vivaient selon la Regula Bullata (147) et la Traccia.

      En 1998, le Pape Jean-Paul II a fait des Frères Franciscains de l’Immaculée un « institut de vie religieuse de droit pontifical », et a étendu cette reconnaissance à la branche des Sœurs la même année. L’Institut a continué de grandir et s’est étendu dans le monde entier en Argentine, en Autriche, au Bénin, au Brésil, au Cameroun, en France, en Italie, au Portugal, au Nigéria, aux Philippines et aux États-Unis. Il servait surtout dans les pays pauvres où il était difficile de trouver d’autres ordres pour entreprendre un travail missionnaire. Avec ce renouveau, le Père Manelli suivit l’idéal défini par le décret de Vatican II, Perfectae Caritatis, sur le renouveau de la vie religieuse qui appelait à un « retour aux sources », les charismes originels de leurs fondateurs.

      De leur histoire et de leur esprit, les Franciscains de l’Immaculée semblaient être tout ce que saint François représentait et tout ce que le Pape François attendait d’un institut religieux : la pauvreté la plus stricte, une vie de prière intense et un engagement missionnaire. La pauvreté, en particulier, était vécue littéralement par les Frères : leurs communautés vivaient de dons, attendant de la Providence pour trouver des personnes prêtes à subvenir à leurs besoins. On pourrait appeler cela une étude de cas par l’insistance du Pape François sur la pauvreté et l’aide aux pauvres.

      Pourtant, quelques mois seulement après l’apparition du Pape François sur la loggia de Saint-Pierre, l’histoire des Frères allait s’aggraver. L’histoire de ce que l’on ne peut décrire que comme la persécution papale d’un ordre religieux florissant restera peut-être dans les mémoires comme l’une des plus étranges de l’époque moderne.

(147) Règle originelle de l’Ordre Franciscain, approuvée dans une Bulle Papale en 1223.

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