vendredi 9 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -35-

François fait un grand nettoyage :
nouveaux statuts, nouveaux membres
et la nouvelle direction d’Amoris Laetitia
 
      Au cours des deux premières années de son pontificat, le Pape François a donné des conseils aux partisans pro-vie quant à sa pensée, bien que toujours exprimée en termes ambigus. En juillet 2013, dans l’avion de retour de la Journée Mondiale de la Jeunesse à Rio de Janeiro, en réponse à une question sur la présence du célèbre Battista Ricca dans sa résidence, François répondit avec sa désormais célèbre observation « Qui suis-je pour juger ? ». Le New York Times a noté, en l’appelant « révolutionnaire », que c’était la première fois qu’un pape utilisait le terme familier « gay » pour décrire un homosexuel. Le New York Times a commenté : « Les paroles de François n’auraient pas pu être plus différentes de celles de Benoît XVI, qui a écrit en 2005 que... les hommes avec des « tendances homosexuelles profondément enracinées » ne devraient pas devenir prêtres. » En remerciement pour son commentaire, le Pape François a été immédiatement élevé au rang de héros du lobby politique homosexuel ; le Magazine Advocate a mis son portrait en vedette dans leur hall et l’a déclaré « personne de l’année ». Au mois de septembre suivant, François a forcé les défenseurs pro-vie à limiter les conséquences lorsqu’il a déclaré que le monde catholique ne devrait pas être « obsédé » par l’avortement, le « mariage homosexuel » et la contraception. Dans un long entretien avec Antonio Spadaro à La Civiltà Cattolica, François a déclaré : « Il n’est pas nécessaire de parler de ces questions tout le temps. Les enseignements dogmatiques et moraux de l’Église ne sont pas tous équivalents. Le ministère pastoral de l’Église ne peut pas être obsédé par la transmission d’une multitude de doctrines disjointes à imposer avec insistance. »

      En octobre 2016, un an après le deuxième Synode sur la Famille et au milieu de l’agitation grandissante sur les dubia, le Pape François a réorienté l’Académie sur une nouvelle trajectoire, approuvant de nouveaux statuts, révoquant tous ses membres et instituant des mandats de cinq ans pour tous. Les nouvelles règles abolissent également le serment de fidélité à l’enseignement catholique prêté par Lejeune, permettent la nomination de non-catholiques et ne font aucune référence à l’adhésion des membres à l’enseignement catholique (140).

      Christine Vollmer, fondatrice vénézuélienne d’un refuge pour femmes et membre fondatrice que François a retirée de son adhésion à vie, a commenté le changement (141) : « À l’origine, nous devions tous prêter serment devant le Nonce de notre pays d’être Serviteurs de la Vie et de soutenir l’enseignement sur la vie du Magistère. Nous n’avons pas vu bien sûr de nouvel "engagement", mais la formulation des nouveaux statuts semble plus douce, et comme l’Académie est maintenant ouverte aux personnes de n’importe quelle religion ou sans, il est douteux qu’ils se consacreraient très sérieusement à mettre en pratique Humanae Vitae ! »

      Vollmer a averti que depuis la mort du Dr Lejeune, l’Académie Pontificale pour la Vie est devenue « de plus en plus orienté vers la "science matérialiste" plutôt que vers la "science pro-vie". » L’Académie, a-t-elle dit, « a été fondée avec une liste de spécialistes intentionnellement mixtes comprenant des avocats, des médecins, des journalistes, des leaders pro-vie, des psychiatres, des activistes de la famille, des prêtres, des enseignants, et ainsi de suite, l’intention des fondateurs étant de pouvoir étudier et analyser les causes des tendances anti-vie et trouver des moyens de les contrer. »

      En effet, les nouveaux statuts incluaient un langage que l’on ne voyait pas auparavant dans aucun dicastère du Vatican. La défense de la vie par l’académie doit, selon elle, inclure « la promotion d’une qualité de vie humaine qui intègre sa valeur matérielle et spirituelle en vue d’une authentique "écologie humaine"qui aide à rétablir l’équilibre originel de la création entre la personne humaine et l’univers tout entier. » L’auteur n’a cependant pas proposé de définitions qui expliqueraient cette exigence plutôt grandiose.

      À la suite de cela, en juin 2017, François nomme quarante-cinq nouveaux membres titulaires, dont treize seulement réélus. Le plus remarquable des non-catholiques est sans doute Shinya Yamanaka, lauréate du prix Nobel du Japon en médecine, qui a mis au point une méthode controversée de clonage des cellules souches "semblables à l’embryon". Un autre choix œcuménique de François est l’anglican Nigel Biggar. Sa nomination a provoqué l’indignation quand le Catholic Herald (142) a révélé qu’il avait dit au philosophe Peter Singer qu’une limite gestationnelle de 18 semaines est acceptable pour l’avortement légal parce que le fœtus n’a pas le même statut moral qu’un être humain adulte.

      Le Herald cite Biggar en ces termes :
« Il n’est pas clair qu’un fœtus humain est le même genre de chose qu’un adulte ou un être humain mature, et mérite donc le même traitement. Alors se pose la question : Où traçons-nous la ligne ? Et il n’y a aucune raison tout à fait convaincante de la tracer à un endroit plutôt qu’à un autre. »

      Dans ce contexte, la légère opposition de Biggar à l’euthanasie légalisée – au motif qu’elle créerait « une société radicalement libertaire au détriment d’une société socialement humaine » – semble faiblement qualifiée pour adhérer à une académie pontificale consacrée à l’enseignement de l’Église sur le caractère sacré de la vie humaine.

      Treize membres ont été confirmés de la liste précédente, mais ils n’ont surtout pas inclus une liste de personnalités académiques et de défenseurs de longue date de l’enseignement moral catholique, dont beaucoup avaient été proches du Pape Jean-Paul II et de Benoît XVI, qui avaient fait partie de l’Académie dès sa fondation. Parmi eux, le philosophe belge Michel Schooyans, l’autrichien Joseph Seifert, l’allemand Robert Spaemann et l’anglais Luke Gormally, tous des chefs de file qui se sont opposés à Fisichella et qui ont plus tard critiqué les deux Synodes sur la Famille et
Amoris Laetitia. Le philosophe australien John Finnis et le célèbre bioéthicien américano-français Germain Grisez, co-auteur d’une « lettre ouverte » au Pape François, très critique à l’égard d’Amoris Laetitia
, ont également été écartés. D’autres étaient un groupe de psychologues d’Europe centrale qui étaient des opposants notables à « l’idéologie du genre », Andrzej Szostek (Pologne), Mieczyslaw Grzegocki (Ukraine) et Jaroslav Sturma (République Tchèque). François semblait étendre sa purge pour y inclure des laïcs gênants qui s’opposaient à ses plans.
 
(140) Les nouveaux statuts stipulent que les membres ordinaires sont nommés « sur la base de leurs qualifications académiques, de leur intégrité professionnelle avérée, de leur compétence professionnelle et de leur loyauté dans la défense et la promotion du droit à la vie de toute personne humaine ». L’accent mis par les statuts sur le « magistère de l’Église » est moins direct, en disant seulement que son but est de « former des personnes... dans le plein respect du Magistère de l’Église », mais précise que « les Académiciens sont choisis, sans égard à leur religion ». « Les nouveaux Académiciens s’engagent à promouvoir et défendre les principes relatifs à la valeur de la vie et à la dignité de la personne humaine, interprétés d’une manière conforme au Magistère de l’Église. [Soulignement ajouté.] Les nouveaux statuts ne font aucune mention de serment ; au lieu de cela, une « déclaration des serviteurs de la vie » à signer par tous les nouveaux membres est donnée dans un document séparé.

(141) "Le Pape François a enlevé tous les membres de l’académie pro-vie du Vatican", Jan Bentz, LifeSiteNews, 17 février 2017.

(142) "Un philosophe qui soutient l’avortement légal nommé à l’académie pro-vie du Vatican", Catholic Herald, 13 juin 2017.

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