mardi 27 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -48-

Suivez l’argent
 
          Mais à travers ce différend, qui était d’ordre moral et disciplinaire, une autre affaire est tombée, ce qui explique l’intervention extraordinaire du Vatican. Il s’agit d’un grand fonds fiduciaire qui avait été mis en place des années auparavant par un donateur français, avec l’intention qu’une partie de celui-ci aille à sa mort à l’Ordre de Malte. En 2013, le fonds était géré par une fiduciaire à Genève qui était bien connue pour la gestion d’un éventail de fiducies dans les paradis fiscaux et autres ; elle a attiré des avis journalistiques à d’autres occasions lorsque des transactions financières confidentielles ont été révélées, par exemple à l’époque du Panama Papers. Les noms du fonds suisse et de la fiduciaire sont parfaitement connus et ont été publiés, mais ils ne sont pas mentionnés ici en raison des menaces d’action en justice que la fiduciaire a rapidement fait pour préserver son anonymat. On peut cependant affirmer qu’en 2013, sous l’ancien Grand Chancelier, l’Ordre a entamé une action en justice contre la fiduciaire pour sa gestion de la fiducie, et d’autres bénéficiaires potentiels ont été associés dans cette affaire, y compris l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean de Dieu. Ils ont déposé une plainte auprès du Procureur de la République, qui a réagi en gelant les avoirs de la fiducie.

      En 2014, cependant, lorsque Boeselager est devenu Grand Chancelier, il a lancé une nouvelle politique, et un certain nombre d’autres personnalités se sont impliquées dans l’affaire. Il s’agissait de deux banquiers qui étaient Chevaliers de Malte et qui étaient actifs en Suisse. Le nonce apostolique à Genève, l’Archevêque Silvano Tomasi, était lié à eux ; il était le Président d’une fondation,
Caritas in Veritate, dont l’un des deux banquiers était trésorier. L’Archevêque Tomasi a eu des relations amicales, étonnamment amicales, avec la fiduciaire litigieuse, qui avait l’habitude de commencer ses courriels avec "Caro Silvano". Les trois personnes mentionnées étaient en étroite association avec le Grand Chancelier Boeselager, et ils soutenaient la nouvelle politique qu’il préconisait : arrêter la poursuite contre la fiduciaire et en arriver à un arrangement par lequel elle débloquerait une partie convenue des fonds. La question de savoir dans quelle mesure le Saint-Siège pouvait en bénéficier est un point controversé. L’Archevêque Tomasi attendait de l’argent de la fiducie ; on pense qu’on comptait sur Boeselager pour s’assurer que le Vatican obtenait sa part de l’argent que l’Ordre de Malte devait recevoir, et il a en fait été allégué que le Vatican attendait d’annuler le statut souverain de l’Ordre et de prendre le contrôle de ses actifs, de ses avoirs et de ses actions.

      Cependant, la proposition de parvenir à un accord avec la fiduciaire s’est heurtée à l’opposition du Grand Maître Festing, qui voulait que le procès suive son cours. Le problème caché (bien qu’il n’en soit pas conscient) était que la fiduciaire menaçait de révéler toutes les communications qu’elle avait eues avec Boeselager et ses associés si elle était soumise à un interrogatoire judiciaire, un sort qui ne pourrait être évité que si un compromis était atteint. Enfin, la date limite pour les poursuites pénales était la fin janvier 2017.

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