Voix
dissidentes
Le
rapport a été salué comme une révolution dans l’Église par
beaucoup de gens dans les médias, malgré l’insistance de nombreux
pères synodaux pour dire qu’il ne reflétait pas fidèlement les
interventions faites. Le Cardinal Napier, l’un des quinze membres
du Conseil permanent du synode, a rappelé que les pères synodaux se
demandaient : « Comment donc dire que cela vient du synode
alors que le synode n’en a même pas encore discuté ? » et
d’autres qui disaient : « Il y a des choses dites là à
propos du synode qui dit ceci, cela et ainsi de suite, mais personne
ne les a jamais dites. » Napier a conclu : « C’est là
qu’il est devenu évident qu’il
y avait une certaine ingénierie en cours. »
(107)
Il avait été averti de cette menace potentielle. Quelques mois
avant le début du synode, l’un de ceux qui étaient associés au
synode avait dit à Napier qu’il était « très troublé »
par ce qu’il avait vu. « Il s’agissait de manipuler le
synode, de l’aménager dans une certaine direction, se souvient
Napier. J’ai demandé : “Mais
pourquoi ?”
Il a dit : “Parce
qu’ils veulent un certain résultat.” »
(108)
Le Cardinal Pell, Préfet du Secrétariat de l’Économie, a répondu à la Relatio en affirmant que des « éléments radicaux » utilisaient des propositions pour la réception de la Sainte Communion par les remariés comme « cheval de Troie » pour d’autres changements dans l’enseignement de l’Église sur les questions de morale sexuelle. Le rapport était, dit-il, « tendancieux, biaisé ; il ne reflétait pas fidèlement les sentiments des pères synodaux... Dans la réaction immédiate, lorsqu’il y a eu une heure, une heure et demie de discussion, les trois quarts de ceux qui ont pris la parole ont dit avoir eu des problèmes avec le document », a fait remarquer Pell (109).
Le Cardinal Burke a dit au Catholic World Report :
« Je suis
entièrement d’accord avec ce que le Cardinal George Pell et le
Cardinal Wilfrid Fox Napier ont déclaré au sujet de la manipulation
des Pères synodaux par le biais de la Relatio post
disceptationem. Il est clair que celui qui a écrit la Relatio
a un ordre du jour et a simplement usé de l’autorité d’une
réunion solennelle des Cardinaux et des Évêques pour avancer son
ordre du jour sans respecter la discussion qui a eu lieu pendant la
première semaine du Synode. » (110)
Le Cardinal Baldisseri confirmera plus tard que ce document, et tous les autres documents synodaux, ont reçu l’approbation du Pape François avant leur publication :
« Faites
attention car c’est quelque chose qu’il faut vraiment savoir...
Le pape présidait toutes les réunions du Conseil du secrétariat.
Il préside. Je suis le secrétaire. C’est ainsi que tous les
documents furent vus et approuvés par le pape, avec l’aval de sa
présence. Même les documents pendant le synode, tels que la Relatio
ante disceptationem, la Relatio post disceptationem et la
Relatio synodi, ont été vus par lui avant d’être publiés. »
(111)
Le Pape François a certes approuvé la Relatio, mais le Cardinal Erdő qui, en tant que Rapporteur Général, en était théoriquement responsable, s’est éloigné de son contenu. Lors de la conférence de presse au cours de laquelle elle a été lancée, lui et l’Archevêque Bruno Forte, Secrétaire Spécial du Synode, étaient tous deux présents. Interrogé sur la signification des passages relatifs à l’homosexualité, Erdő a pointé du doigt Forte et fait remarquer que « celui qui a écrit le texte doit savoir de quoi il parle » (112). Le sujet de l’homosexualité divise particulièrement les pères synodaux. Dans une interview controversée, rapportée par Edward Pentin, le Cardinal Kasper a affirmé que « l’Afrique est totalement différente de l’Occident » et que « vous ne pouvez pas en parler [de l’homosexualité] avec les Africains et les gens des pays musulmans. Ce n’est pas possible. C’est un tabou. Pour nous, nous disons qu’il ne faut pas discriminer, nous ne voulons pas discriminer à certains égards. » Il semblait également suggérer que la position des évêques africains n’était entendue qu’en Afrique, « là où c’est un tabou », mais pas au synode. Le cardinal a ajouté : « Il doit y avoir de la place aussi pour que les conférences épiscopales locales puissent résoudre leurs problèmes, mais je dirais qu’avec l’Afrique c’est impossible [pour nous de les résoudre]. Mais ils ne devraient pas trop nous dire ce qu’on doit faire. » (113)
Beaucoup d’évêques africains ont été irrités par l’insinuation de Kasper que leur position était basée sur un « tabou » arriéré, ainsi que par son affirmation qu’ils ne devaient pas dire aux évêques européens « trop de choses que nous devons faire ». Kasper a d’abord nié avoir dit ces mots, accusant effectivement le journaliste en question de dire des contrevérités. Ce n’est que lorsque Pentin a produit un enregistrement audio de l’entrevue que Kasper a présenté des excuses.
(107) Pentin, "Rigging of a Vatican Synod ?" (Le montage d’un synode du Vatican ?), p.21.
(108)
Pentin, "Rigging of a Vatican Synod ?" (Le montage d’un
synode du Vatican ?), p.21.
(109)
"Cardinal Pell : Synod says no to secular agenda" (Cardinal
Pell : Le Synode dit non à l’agenda séculier), 16 octobre 2014,
Catholic News Service,
http://www.catholicnews.com/data/stories/cns/1404281.htlm
(110)
"Cardinal Burke to CWR : confirms transfer, praises pushback,
addresses controversy over remarks by Cardinal Kasper" (Le
Cardinal Burke à CWR : il confirme son renvoi, fait état du
pushback, aborde la controverse sur les remarques du Cardinal
Kasper), 18 octobre 2014, Catholic World Report,
http://www.catholicworldreport.com/2014/10/18/cardinal-burke-to-cwr-confirms-transfer-praises-pushback-addresses-controversy-over-remarks-by-cardinal-kasper/
(111)
Pentin, "Rigging of a Vatican Synod ?" (Le montage d’un
synode du Vatican ?), p.150.
(112)
Pentin, "Rigging of a Vatican Synod ?" (Le montage d’un
synode du Vatican ?), p.180.
(113)
Edward Pentin, "Statement on Cardinal Kasper Interview"
(Déclaration sur l’interview du Cardinal Kasper), 16 octobre 2014,
Edward Pentin,
http://edwardpentin.co.uk/statement-on-cardinal-kasper-interview/
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